jeudi 19 avril 2012
~ ÉQUATEUR SIERRA DU NORD - LA SUISSE DES INCAS ~
~ ÉQUATEUR SIERRA DU NORD - LA SUISSE DES INCAS ~
Lundi 19 octobre 2009 : nous voilà donc de retour des Galápagos, et nous passons à nouveau quelques jours chez nos amis Beto et Carole, à Quito, avant de reprendre la route. C'est l'occasion de faire un petit check-up du 4x4 chez un mécano que connait Beto.
Vendredi 23 octobre : cette fois-ci, nous quittons pour de bon Quito afin de continuer notre progression vers le nord, qui va nous mener aujourd'hui à … seulement 60 km de Quito ! En effet, lors du concours équestre de Pasos Peruanos, près de Guayaquil, nous avions rencontré un équatorien, Navigio Loor, PDG du groupe Noboa, qui, intrigué par notre 4x4, était venu à nous et nous avait aussitôt proposé de venir dans une des nombreuses haciendas (exploitation agricole) du groupe. Cette hacienda appartient donc au groupe Noboa (ce sont entre autres les bananes Bonita), l'une des premières fortunes du pays. Sur le plan politique, le milliardaire pro-américain Alvaro Noboa avait créé la surprise en remportant en 2006 le premier tour de l'élection présidentielle en Équateur. Mais il a été battu au second tour par l'économiste de gauche Rafael Correa, un radical proche du président vénézuélien Hugo Chavez.
C'est donc avec plaisir que nous acceptons son invitation et que nous nous retrouvons dans cette hacienda "ganadera" (de bétail) où l'on nous prête la maison du gérant, c'est exactement "La petite maison dans la prairie", seule au milieu de prés, seulement entourée de vaches. Nous y avons tout le confort, et surtout un calme absolu. Nous y resterons une semaine, ce sera du vrai repos. Quelques kilomètres avant d'y arriver, nous avons, pour la troisième fois, franchi la ligne mythique de l'équateur, passant ainsi dans l'hémisphère nord. Nous sommes presque au pied du volcan Cayambe, troisième sommet du pays (5.790 m), et aussi le plus haut point mondial traversé par l'équateur (à 4.600 m environ sur le versant sud). Le Cayambe, c'est réellement "latitude 0 – température 0" !
C'est d'ailleurs pour nous une surprise de constater qu'au niveau de l'équateur, il fait presque froid, ce qui nous amène à faire des flambées dans la cheminée de "notre" maison. (Mais que ce p….. de bois d'eucalyptus brûle mal). Il est vrai que nous sommes à 2.800 m d'altitude, mais quel contraste avec les passages de l'équateur l'année dernière au Brésil (entre Manaus et Boa Vista, puis à Macapa).
Nous profitons pleinement de notre petite maison au milieu des vaches, car après bientôt un an et demi de routes et pistes en Amérique du sud, nous avons besoin d'un peu de repos.
Le samedi, nous ne voulons pas manquer le marché artisanal d'Otavalo, à 25 km de "notre hacienda". Carrefour andin dès l'époque pré-inca, lorsque les marchands venaient à pied de la jungle, Otavalo perpétue cette tradition et son marché attire aujourd'hui des visiteurs venus des quatre coins de la planète. La population d'Otavalo et de sa région est composée de descendants de colons, de métis et surtout d'indigènes (Quechuas). Ces derniers, qui habitent pour la plupart dans les villages alentour, portent toujours leurs vêtements traditionnels : chapeau de feutre sombre, pantalon court en coton et poncho bleu pour les hommes, qui nouent leurs longs cheveux en queue de cheval ; corsage blanc brodé et orné de dentelles, longue jupe noire et fachalina (foulard) pour les femmes, qui se parent de colliers et bracelets en perles rouges ou dorées et tressent leurs cheveux. Les articles en laine (tapisseries, couvertures, ponchos, gros pulls à capuche, bonnets, tricots en alpaga …) côtoient chemisiers brodés, hamacs, sculptures, bijoux, marionnettes tricotées, pipes en terre, sacs et nattes tissés.
En début de matinée, les femmes nous poussent à l'achat, affirmant que le premier client de la journée porte chance. La notoriété des artisans locaux est l'une des raisons qui fait de la ville l'un des sites touristiques les plus fréquentés du pays. Le grand marché du samedi attire la grande foule. Conjugués au charme colonial du centre ville et à la beauté des alentours, ces atouts ont permis aux Otavaleños d'atteindre un niveau de développement économique supérieur à celui des autres populations indigènes de l'Équateur.
La semaine passe vite dans l'hacienda, nous profitons pleinement de cette tranquillité dans un tel environnement bucolique. Presque sous nos fenêtres, une vache a vêlé en fin de nuit, et c'est un petit veau qui commence à téter sa mère pendant que nous prenons notre petit déjeuner sur la terrasse. A la fin de la traite du soir, c'est toujours un plaisir d'aller chercher notre litre de lait, avant de faire une bonne flambée dans la cheminée.
Qu'il est reposant et restructurant de vivre ainsi les bonheurs simples de la campagne ! A plusieurs reprises, nous tentons de nous approcher du volcan Cayambe, mais en cette saison il n'est dégagé que le matin, mais en total contre-jour, la neige étant alors éblouissante.
Dans l'après-midi, et en particulier au coucher de soleil, il est systématiquement dans les nuages, donc invisible. Il faudra donc nous contenter de cette photo prise en ville … sur un immense panneau publicitaire.
En allant faire nos courses à Cayambe, qui n'est qu'à trois kilomètres de l'hacienda, nous avons repéré un spot Wi Fi non sécurisé, et allons ainsi tous les jours relever nos mails, cool, non ? C'est le moment de mettre à jour le site Internet, et de faire un montage vidéo. La saison des pluies aurait dû commencer voilà deux mois, mais toujours pas une goutte d'eau à l'horizon ! Alors, les agriculteurs arrosent en permanence les prairies pour que le bétail mange de la bonne herbe, et les indiens font des feux dans les collines et les montagnes pour "faire venir la pluie", croyance tenace.
Samedi 31 octobre : les dieux ont sûrement vu les feux, en effet, il pleut, pour le plus grand bonheur des Équatoriens !
Dimanche 1er novembre : après huit jours au vert, nous quittons notre hacienda, mais une fois de plus, ce n'est que pour parcourir une cinquantaine de kilomètres ! En effet, la semaine dernière, entre Quito et Cayambe, alors que nous étions installés sur un mirador pour notre pique nique, Hugo et Anita, deux Équatoriens, sont venus discuter avec nous. Après avoir partagé une bière, ils nous ont proposé de venir chez eux, à Ibarra. Et c'est ainsi que nous nous retrouvons une fois de plus dans une famille, Hugo, Anita et leurs deux enfants, Camilla et Paula.
C'est une véritable oasis aux portes de la ville, nous sommes entourés d'un grand verger et de deux autres maisons, celle des parents et celle de la sœur. Nous avons une fois de plus notre chambre dans cette ravissante maison aux poutres apparentes et décorée avec beaucoup de goût, avec vue sur l'Imbabura depuis le living. La ville d'Ibarra (2.225 m), au pied du volcan Imbabura, est à un carrefour entre la côte, Otavalo, la vallée tropicale du chota et les villages du Páramo.
Le 2 novembre, jour de la fête des morts, Hugo et Anita nous emmènent au cimetière d'Ibarra, essentiellement fréquenté par les amerindiens, afin d'assister à cette tradition étonnante et colorée rassemblant des centaines de personnes qui passent la journée auprès de leurs morts. Durant les semaines précédant le "finados" (fête des morts), les boulangeries vendent des "guagas de pan", des pains décorés en forme de bébé.
On les accompagne d'une tasse de "colada morada", un breuvage épais et sucré de farines de maïs et de mûres. Le 2 novembre, les Équatoriens vont au cimetière consommer ce repas en compagnie de leurs morts, une tradition qui remonte à l'époque précolombienne. Nous allons ensuite en famille déjeuner d'un délicieux "tilapia" (poisson d'eau douce) autour de la Laguna Yaguarcocha. C'est pour nous l'occasion de partager ainsi la vie des habitants d'Ibarra pendant les week-ends.
Hugo s'étant mis en disponibilité, il a du temps à nous consacrer, pour notre plus grand plaisir. C'est ainsi qu'il nous emmène découvrir la région d'Ibarra, et les volcans qui jonchent la cordillère dans le nord du pays.
Une longue route pavée nous mène tout d'abord à la Laguna de Mojanda, un lac aux eaux turquoise (lorsque le soleil est de la partie) serti comme un joyau dans les montagnes, à plus de 3.500 m d'altitude. Ce site a acquis le statut de zone protégée en 2002, il est ainsi mieux préservé. A l'ouest d'Otavalo, Hugo nous emmène déjeuner à Cotacachi, paisible cité coloniale proclamée "Ville de Paix" par l'Unesco.
A 18 km de Cotacachi, nous arrivons à la Laguna de Cuicocha, un lac qui s'étend au fond d'un cratère volcanique. Les îlots coniques qui ponctuent le lac, large de 3 km et profond de 200 m, ont surgi lors d'éruptions postérieures à l'effondrement du cratère. Du mirador qui surplombe le lac, nous avons une superbe vue à 360°, qui nous permet d'admirer les deux volcans proches, le Cotacachi et l'Imbabura. Sur le chemin du retour, Hugo nous emmène déguster una "fritada de chancho", une spécialité des Andes équatoriennes, une friture de porc rôti.
Le lendemain, Hugo nous conduit dans une autre partie de la région d'Ibarra, les villages indigènes de La Esperanza et de Zuleta. Nous avons la chance, car ce n'est pas ouvert au public, de visiter l'une des plus belles haciendas d'Équateur, l'Hacienda Zuleta. Au milieu d'une propriété de 2.000 hectares, dans un environnement montagneux superbe, nous avons droit à une visite privée de cette fabuleuse hacienda, datant de la fin du XVIème siècle, qui est en même temps un hôtel de très grand luxe. La décoration, tant extérieure qu'intérieure, est extrêmement soignée, et les 15 chambres sont toutes aussi douillettes les unes que les autres. La propriété appartient à la famille Galo Plaza Lasso, dont deux ancêtres ont été présidents de la république et ont beaucoup aidé pour améliorer la vie des amérindiens. Toutes les chambres ont une cheminée (avec réserve de bois), et les clients ont accès à une étonnante bibliothèque ancienne composée de très nombreux ouvrages historiques et littéraires, en espagnol, mais également en anglais et en français. Mais il faut bien reconnaitre que les prix sont à la hauteur du caractère exceptionnel de cette hacienda : de 175 à 299 US$ par personne et par nuit selon la chambre (en pension complète), ce qui n'est surement pas dans le budget des backpackers ou overlanders qui sillonnent le pays ! Bon, mais voilà quand même les coordonnées, si vous voulez vous offrir une halte très onéreuse : Hacienda Zuleta – Angochagua – Provincia de Imbabura – Tel : (593 – 6) 266 21 82 www.zuleta.com - info@zuleta.com
A La Esperanza, nous rendons visite à Aida, la propriétaire d'une charmante auberge – hosteria, la "Casa Aida". C'est là que notre ami Beto loge se clients qui partent faire du trekking sur l'Imbabura. Aida nous reçoit avec beaucoup de gentillesse, et nous offre de partager avec elle des spécialités de sa cuisine, une délicieuse soupe de quinoa, et un dessert à base de banane, un régal.
Nous y retournerons d'ailleurs quelques jours plus tard, pour partager avec Aida son fameux "desayuno" (petit déjeuner) avec de délicieuses crêpes à la confiture de mûres.
Pour ceux qui aiment faire de la randonnée, passer une nuit dans un environnement "familial", prendre un petit déjeuner, ou simplement rencontrer Aida, cette femme extraordinaire, voilà une excellente adresse : Casa Aida - La Esperanza (6 km au sud d'Ibarra) - tel : (593- 6) 266 02 21 - www.casaaida.com Point GPS : N 00° 17. 030 / W 078° 06. 638
Comme nous demandions à Hugo s'il connaissait un garage pour faire l'alignement et la balance des roues du 4x4, il nous a emmené chez le concessionnaire Chevrolet "Imbauto" dont il a été chef d'atelier pendant 10 ans, et nous avons eu droit à une révision de "courtoisie" de notre véhicule, avec le sourire de tous les employés de la concession. Et cela s'est terminé par une photo du 4x4 en situation. Un grand merci à tous. Nous sommes réellement sous le charme des équatoriens, qui depuis notre arrivée dans le pays, ne savent qu'inventer pour nous faire plaisir. L'Équateur est vraiment une révélation à nos yeux !
Au nord d'Ibarra, la route plonge brusquement dans la Vallée du Chota, à 1.500 m. Une végétation luxuriante tapisse le fond de la vallée, habitée par les descendants des esclaves amenés dans les plantations au XVIIème siècle. Ils vivent de la culture de la canne à sucre et des fruits, vendus sur des étals en bord de route. Mélange de percussions africaines et de mélodies des Andes, la "bomba" est caractéristique de cette culture afro-équatorienne. La pluie de la semaine dernière aura été de courte durée, et depuis quelques jours, nous avons un beau temps ensoleillé, avec comme conséquence l'abaissement critique du niveau de la retenue d'eau qui alimente les turbines de la centrale hydro-électrique de la région. Les coupures d'électricité ont commencé, nous privant d'énergie pendant une bonne partie de la journée !
Samedi 7 novembre : notre ami Hugo part pour 8 jours, sac au dos, pour Cuba, et Anita va avec les filles à Quito pour une fête "pré-natale" de sa belle sœur. Qu'à cela ne tienne, ils nous laissent leur maison pour le week-end, merci pour votre confiance. Le samedi soir, nous avons droit à un dîner aux chandelles … pour cause de restriction d'électricité ! Dimanche, nous retournons à la Laguna Yaguarcocha déguster un "tilapia" (poisson d'eau douce).
Lundi 9 novembre 2009 : il est temps de prendre congé de nos amis et de continuer notre progression vers le nord. Les adieux avec Anita et sa famille sont touchants. Le revers de la médaille, avec notre mode de voyage, c'est le déchirement mutuel à chaque fois que nous quittons nos hôtes. A une centaine de kilomètres d'Ibarra, nous arrivons à Tulcan, cette ville frontière de la Colombie. C'est la première fois, depuis l'Uruguay, que nous avons tant de mal à quitter un pays. Nous pensions traverser l'Équateur en une quinzaine de jours, … nous y sommes restés presque deux mois ! Nous entrons ainsi dans le treizième et dernier pays d'Amérique du sud, la Colombie.
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