samedi 21 avril 2012
L' HISTOIRE DE L' EQUATEUR EN QUELQUES LIGNES
Des vestiges archéologiques ont révélé que le territoire de l’actuel Équateur aurait été habité par de très anciennes civilisations remontant à quelque 3000 ans avant notre ère. Dès 500 ans avant notre ère, d'importantes villes côtières existaient. On sait que, vers le IXe siècle, deux peuples se sont développés: les Caras et les Quitus. Installés sur la côte, les Caras dominèrent les Quitus établis dans les montagnes pour former le royaume Shyris (nom du roi des Caras). Le XIIIe siècle vit l’apparition d’un nouvel empire indigène: le royaume de Quitu.
Puis, en 1460, les Incas du Pérou attaquèrent le royaume de Quitu qui résista jusqu’en 1493. Mais les Incas réussirent à étendre leur domination sur toute la région. Leur empire s’étendit du Chili jusqu’à la frontière colombienne. De grandes villes furent construites à cette époque; elles furent reliées entre elles par des centaines de kilomètres de routes pavées. L’empereur inca, Huayna Capac, imposa à toutes les tribus de son empire d'apprendre le quechua dont la langue est encore parlée par les indigènes équatoriens. Par la suite, une lutte de pouvoir entre chefs incas affaiblit la puissance de ce peuple.
En 1528, Francisco Pizarro, de retour en Espagne, convainquit Charles Quint de lui laisser conquérir et diriger de nouveaux territoires. Pizarro débarqua au Pérou en 1531 à la tête d'une petite armée de 200 à 300 hommes. Constatant son infériorité numérique par rapport aux forces incas, Pizarro décida d'employer la ruse et tendit une embuscade à l’empereur inca, Atahualpa, qui fut capturé, puis exécuté. Les Incas tentèrent de résister pendant deux années aux forces espagnoles, mais ils furent vaincus par les conquistadores.
3.1 La colonisation espagnole
En 1534, les Espagnols devinrent maîtres de la région, qui prit le nom de royaume de Quito, du nom de la ville fondée par Sebastián Benalcázar. L’Audience royale de Quito (Audiencia Real de Quito) fut créée en 1563, mais resta sous l’autorité du vice-royaume du Pérou, rattaché à la couronne d’Espagne. Le pays prospéra grâce à l’agriculture, mais ce développement se fit en spoliant les indigènes de leurs terres et en leur faisant payer des impôts excessifs. Surexploités, les indigènes se soulevèrent régulièrement, mais ils subirent une répression sans merci. Ils furent repoussés vers les régions arides des hauts-plateaux andins, puis coupés de leurs racines économiques et culturelles.
De 1717 à 1723, l'Audience royale de Quito fut intégrée au vice-royaume de la Nouvelle-Grenade, dont le siège était à Bogotá (Colombie). Par la suite, l'Audience retourna sous l'autorité de Lima (Pérou) jusqu'en 1739 et revint de nouveau à la Nouvelle-Grenade. C’est au cours de la colonisation espagnole que les Européens et les indigènes pratiquèrent les mariages mixtes, ce favorisa l’implantation de la langue espagnole.
En 1736, le géodésien français, Charles Marie de La Condamine, arriva au pays lors d’une mission de l'Académie française des sciences, afin d’y mesurer un arc de méridien sur la ligne équatoriale afin de déterminer si la terre était parfaitement sphérique ou si elle était aplatie aux pôles, ce qui devait couper court à la polémique sur la forme de la terre. Dans les cordillères, La Condamine réalisa diverses observations, notamment celle de l'attraction du fil à plomb par les masses montagneuses. C’est à Quito, «la Mitad del Mundo» (le milieu du monde), que La Condamine situa la ligne équinoxiale qui détermine l'équateur.
De retour en France en février 1745, il devint le savant le plus célèbre d’Europe. Il travailla sur un projet de mesure universelle et proposa d'adopter pour unité la longueur du pendule battant la seconde à l'équateur comme unité de mesure universelle. Évidemment, l'aplatissement de la terre aux pôles (ellipsoïde) était maintenant prouvé. Un lycée français porte aujourd'hui le nom de La Condamine à Quito: le Lycée franco-équatorien de Quito.
La Révolution française (1789) et la guerre de l'Indépendance américaine (1775-1783) encouragèrent les Équatoriens à se révolter. Les premiers mouvements d'autonomie eurent lieu en 1809. Mais les forces militaires, menées par le général Antonio José de Sucre, lieutenant en chef de Simón Bolívar, ne remportèrent la victoire finale qu'en 1822, lors de la bataille du Pichincha. La région fit alors partie intégrante de la fédération de Colombie ou Federacion Gran Colombia (ou Grande-Colombie, incluant le Venezuela, le Panama et la Nouvelle-Grenade) et fut dirigée par Simón Bolívar. En mai 1830 le général de Sucre fut nommé président du Congreso admirable («Congrès admirable») qui se réunit à Bogotá dans le but de préserver l’unité de la Grande-Colombie et de lui offrir une constitution. Mais, le 4 juin 1830, alors qu’il se rendait à Quito, Sucre fut assassiné à Berruecos (Colombie).
3.2 L’indépendance
Dès la dissolution de la république de Grande-Colombie (Venezuela, Colombie, Équateur et Panamá) à la mort de Bolívar en 1830, le général Juan José Flores réunit une assemblée qui proclama l'indépendance de l'Équateur, dont il se nomma président. Ce héros de la guerre d'indépendance tenta d'organiser le pays. Il fit adopter le nom d'Ecuador ("Équateur") au pays et annexa l’archipel des Galápagos en 1832. Flores dirigea le pays en dictateur et ouvrit ainsi la voie à l’instabilité politique. Une révolte en 1845 le contraignit à l'exil, mais en 1860, alors qu'une guerre civile faisait rage dans le pays, il fut appelé à intervenir pour mettre fin au conflit. De 1830 à 1948, l’Équateur connut plus de 62 gouvernements successifs, de type présidentiel, militaire ou dictatorial. Le pouvoir alterna entre les partis conservateurs et les partis libéraux représentant la bourgeoisie créole.
L’histoire politique du XIXe siècle fut marquée par deux personnalités importantes: Gabriel García Moreno, président de 1860 à 1875, et le général Eloy Alfaro, un libéral radical qui dirigea le pays au cours de deux mandats et périt assassiné en 1912.
3.3 Le monde contemporain
D’autres coups d’État et d'autres révolutions agitèrent l’histoire contemporaine de l’Équateur. Le XXe siècle compte même un plus grand nombre de gouvernements militaires que de gouvernements civils. En 1942, l'armée américaine installa une base militaire sur l'île de Baltra aux Galapagos. Puis des conflits territoriaux opposèrent l'Équateur et le Pérou en 1942; à l’issue du conflit, l'Équateur dut céder au Pérou quelque 200 000 km² de territoire, soit sa province amazonienne de El Oro, le protocole de Rio Janeiro ayant fixé les frontières des deux pays. Le conflit fut même ravivé en 1950 et en 1960.
En 1945, l'Équateur accéda à une forme de démocratie, mais il fallut attendre plus de quarante avant de renouer avec la démocratie (soit en 1979). En 1952, Velasco Ibarra, à la tête d'une coalition, dirigea le pays pour la troisième fois entre 1952 et 1956, puis entre 1960 et 1961. Les successeurs de Velasco Ibarra, tous des militaires, furent incapables d'améliorer la difficile situation économique. En juin 1968, Velasco Ibarra fut élu une nouvelle fois. Sa présidence s'orienta alors vers un pouvoir dictatorial. Cependant, en février 1972, il fut une fois encore renversé par un coup d'État, mené par le général Guillermo Rodríguez Lara.
Le candidat Jaime Roldós Aguilera fut élu président du pays en 1979 et une nouvelle constitution démocratique entra en vigueur. À l'extérieur, un début de lutte frontalière dégénéra en conflit armé avec le Pérou et s'acheva, en mars 1981, par un arbitrage international. À partir de mai 1984, le président équatorien León Febres Cordero Rivadeneira dut faire face à des rébellions militaires répétées, dont une révolte en janvier 1987. En 1986, les autochtones avaient fondé la première organisation regroupant toutes leurs organisations: la Confederación de Nacionalidades Indígenas del Ecuador (Confédération des nationalités indigènes de l'Équateur) ou CONAIE. Celle-ci fut à l’origine du grand Levantamiento de 1990, la plus grande révolte indigène de l’histoire de l'Équateur: elle portait sur l’exigence d’une reconnaissance des langues et des cultures autochtones.
En 1992, Sixto Duran Bellen accéda à la présidence. Son mandat fut marqué, en juin 1994, par un nouveau soulèvement général des Amérindiens à travers le pays et, en janvier 1995, par de nouvelles tensions frontalières avec le Pérou, qui s'intensifièrent lorsque des conflits violents éclatèrent entre les forces militaires de chaque pays. Le territoire disputé couvre une superficie de 340 km² dans une région montagneuse qui constitue un débouché sur l'Amazonie et qui est surtout une région riche en ressources naturelles. Un cessez-le-feu fut signé et une zone de démilitarisation fut créée, mais les tensions persistèrent.
Élu à la présidence de la République en juillet 1996, Abdala Bucarám Ortiz afficha un comportement personnel plutôt «extravagant». En février 1997, le Parlement prit même la décision de destituer Bucarám pour «incapacité mentale et physique» et nomma Fabian Alarcon président par intérim, tandis que la vice-présidente Rosalia Arteaga s'autoproclamait présidente.
Élu en 1998, le président social-démocrate Rodrigo Borja dut affronter, en juin 1999, le mouvement des autochtones pour la reconnaissance de leurs droits sur la terre. Regroupées au sein de la Confederación de Nacionalidades Indígenas del Ecuador (Confédération des nationalités indigènes de l’Équateur ou CONAIE), les peuples autochtones paralysèrent la vie du pays par une grève pacifique; mais le Levantamiento indien jeta une douche froide sur le pouvoir politique. Malgré l’opposition de l’armée et de la plupart des partis politiques, le président Borja accorda à la confédération des Shuars la propriété de 11 000 km² en Amazonie, tandis qu’une répression discrète menée par des groupes paramilitaires éliminait certains leaders indiens. Une nouvelle constitution reconnut, en 1998, aux autochtones leurs droits ancestraux, tandis que le gouvernement signait et ratifiait, le 15 mai 1998, la Convention relative aux peuples indigènes de l’Organisation internationale du travail (OIT).
En mai 1999, dans le cadre de l’accord de paix signé en octobre 1998, les frontières en Amazonie entre l’Équateur et le Pérou furent définitivement fixées, mettant fin à un litige frontalier vieux d’un siècle et demi. En 1999, la crise sociale et financière ne fit que s’aggraver, et des grèves répétées amenèrent le président à décréter l’état d’urgence à plusieurs reprises.
En juillet, des milliers d’Indiens occupèrent pacifiquement la capitale «pour la vie et contre la faim». L’annonce de la «dollarisation» de l’économie — l’abandon de la monnaie nationale, le sucre — au début de l’année 2000 provoqua un soulèvement indigène, soutenu par des militaires et les syndicats, qui renversa le président Jamil Mahuad. Cependant, le Parlamento de los Pueblos del Ecuador (Parlement national des peuples de l’Équateur) fut éphémère, le vice-président Gustavo Noboa s’étant emparé du pouvoir, le 21 janvier 2000, avec l’appui du haut commandement militaire et des autochtones. Au lendemain de sa prise du pouvoir, Noboa confirmait la dollarisation comme le modèle approprié pour faire face à la crise économique qui secouait le pays. Il en a résulté une paupérisation accrue pour les deux tiers de la population, notamment chez les autochtones. À la fin de l'an 2000, l'inflation avait atteint 100 %, ce qui entraîna l’état d'urgence à nouveau proclamé en février 2001.
Pendant ce temps, l’Équateur affichait un taux de chômage de 50 %, alors qu’un tiers de la population demeurait sans accès à l'eau potable; 64 % des enfants de 6 à 15 ans étaient non scolarisés, et 70 % de la population demeurait sans accès aux soins médicaux, dans les deux cas, faute de moyens financiers; et les revenus réels du travail chutèrent de 20 % par année. Un fait dramatique: 78 % de la population vivait en dessous du seuil de la pauvreté en Équateur, qui continua à rester soumis à la forte influence des États-Unis, laquelle s'exprimait par l'«Ambassade», le siège du nouveau «vice-roi», et à la disposition desquels fut mise la base militaire de la Manta. À l'égard des indigènes, le gouvernement de l’Équateur a pris la décision de répondre par la violence et la répression aux nombreuses mobilisations pacifiques, en dispersant les indigènes sur les routes à l’aide de bombes lacrymogènes et d’armes à feu. Les indigènes, surtout les femmes et les enfants, furent aussi victimes (environ 1000 par année) des trafiquants d'organes ou d'adoptions illégales. Tout le pays a sombré dans la violence. Depuis cette crise majeure qui a frappé l’Équateur, quelque trois millions de citoyens ont quitté le pays, en quête du rêve américain ou européen. Le pays s'appauvrit encore à tel point que l'argent envoyé aux membres de la famille qui vivaient encore en Équateur en vint à constituer la deuxième ressource du pays derrière le pétrole.
Le 15 janvier 2007, Rafaël Correa est devenu le nouveau président de l'Équateur. Il s'est adressé en quechua dans un discours de remerciement à la population. En témoignant de sa grande connaissance de la langue, considérée comme la quatrième langue la plus parlée en Amérique et la langue indigène la plus étendue du continent, Correa a annoncé: «Mon gouvernement sera le gouvernement des indigènes.» Pour réussir à changer l'héritage de ses prédécesseurs, Correa a demandé l’aide de tous les Équatoriens qui, «avec des mains propres et un bon cœur», veulent partager cette nouvelle étape. Il a mis l’accent sur la nécessité d’en finir avec la culture de la corruption, qui non seulement régnait dans les institutions de l’État, mais aussi dans les grandes entreprises. Le nouveau président a rappelé que la patrie devait être au service de tous, les indigènes, les immigrants, les pauvres comme les exclus. En réaffirmant son intention de mettre à profit son mandat de quatre ans pour orienter l'Équateur vers le socialisme, Rafaël Correa a ainsi rejoint le clan des dirigeants sud-américains hostiles à Washington, tels le Vénézuélien Hugo Chavez et le Bolivien Evo Morales. Le nouveau président veut renégocier la dette extérieure et modifier la Constitution (ce qui est fait, avec 64 % de oui) pour mener à bien ses réformes. Au cours de la dernière décennie, aucun des trois présidents élus n'a réussi à terminer son mandat. Tous ont été chassés par des révoltes populaires.
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